Le directeur général de l’Agence nationale des systèmes d’information de l’Etat (ANSIE), Moustapha Mohamed Ismaïl, a dirigé jeudi dernier les travaux d’un atelier de réflexion autour de l’élaboration de la stratégie dite « E-Gouvernement ». L’événement, qui s’est déroulé au palais du peuple, a réuni les responsables des administrations publiques.
Nombre de responsables et cadres de l’administration publique et des institutions du pays ont répondu à l’invitation de l’ANSIE, jeudi dernier pour partager des réflexions et des propositions destinées à dessiner les contours du document de stratégie nationale de l’e-Gouvernement. Un grand rassemblement qui a vu la participation du président de l’Université de Djibouti, la directrice générale du Centre de Leadership et de l’Entrepreneuriat, le directeur général de la Population et de la famille, et le directeur général par intérim de Djibouti Télécom, aux côtés des cadres du MENFOP, du SECRA, et d’autres administrations publiques. Des experts, engagés dans le cadre d’un partenariat avec la Banque mondiale qui soutient le projet d’appui à la modernisation de l’administration publique (PAMAP), ont animé la rencontre.
L’atelier visait à « collecter les différentes contributions en vue de définir les principaux axes à retenir pour le document de stratégie nationale », selon les termes du directeur général de l’ANSIE, Moustapha Mohamed Ismaïl, qui a souhaité que les réflexions abordent « l’environnement juridique et les infrastructures, mais aussi les approches pour développer des services numériques qui doivent s’inscrire dans un cadre global et cohérent de mutualisation des ressources et garantissant l’interopérabilité des systèmes ».
…Pourquoi une stratégie
E-Gouvernement ? Les travaux de l’atelier ont démarré par une présentation de l’expert Guibert Hairson qui a balayé large sur la légitimité de l’E-Gouvernement, ses composantes, ainsi que ses avantages et risques. Puis, il a abordé la stratégie 2019 – 2022 à travers quelques axes de réflexion.
Après avoir étudié les expériences de quelques pays qui ont adopté des stratégies digitales avec de plus ou moins reluisantes fortunes, il est en venu aux composantes de l’E-Gouvernement, à savoir le cadre légal, les infrastructures et les services aux citoyens.
L’expert a ensuite détaillé les avantages liés à l’E-Gouvernement comme l’Offre de services publics de façon intégrée, transparente et sécurisée, le rapprochement de l’administration des besoins et attentes de l’usager (Interactivité) et enfin l’amélioration de l’administration en terme d’efficacité, de qualité et de transparence (Interopérabilité).
Il a tout de même tenu à avertir des limites à cette stratégie du tout numérique qui peut se heurter à l’augmentation des risques ou de la perception des risques pour la protection des données personnelles, l’incapacité d’une majorité de gens à utiliser (proprement) les services de l’E-Gouvernement, et enfin l’absence de force juridique des transactions de l’E-Gouvernement.
Des risques qui sont évitables à condition d’adapter le cadre juridique (à peu près toute les disciplines juridiques peuvent être impliquées), de ne pas introduire trop de législations spécifiques pour éviter des structures parallèles (E-Gouvernement – gouvernement traditionnel), et de réévaluer la configuration des services sur la base d’une compréhension du fonctionnement d’une administration publique, au-delà d’une informatisation des procédures et processus existants.
…E-Gouvernement, mode d’emploi. Au cours de cette intervention, l’expert a défendu le bien-fondé et l’intérêt d’une stratégie de l’E-Gouvernement. Il en a décliné les étapes, mais aussi les indicateurs d’impact, ainsi que la méthodologie idoine. « La stratégie numérique du gouvernement doit poursuivre des objectifs de développement économique réels et pas seulement une poussée technologique. Aussi doit-on en créer dès le départ les cadres politiques et institutionnels appropriés et parvenir ainsi à maximiser l’efficacité des initiatives en matière de TIC au sein du gouvernement tout en gérant les coûts croissants de l’information et de la technologie», a-t-il expliqué. Cela doit aider à «générer des économies en appliquant les TIC aux processus principaux ou à d’autres domaines de programmation», a-t-il martelé avec insistance. Comment mettre en place l’E-Gouvernement ? C’est cette question de méthodologie et d’approche qui a fait la seconde partie de l’intervention. Tout d’abord, c’est l’impérieuse nécessité d’une vision et des objectifs qui se sont imposés. Pour cela, la mise en place d’un groupe de travail de haut niveau sur le leadership s’est avérée indispensable tout comme une parfaite cohérence avec les priorités de développement économique, mais aussi un soutien politique et des mécanismes de participation des parties prenantes (y compris la demande). Aussi, la mise à disposition d’infrastructures s’est avérée indispensable pour l’amélioration de la connectivité et de la capacité de traitement de données. Au même titre que les infrastructures, une gouvernance pertinente capable de poser un cadre politique et réglementaire mais aussi une bonne gestion de l’administration électronique sont nécessaires.
En termes de capacité institutionnelle, il a été question d’élargir la portée géographique des services gouvernementaux, revoir la formation donnée et les processus des métiers qui doivent être nécessairement repensés, entre autres recommandations.
Ce premier exposé a été suivi d’un second qui a porté sur les réalisations et les projets en cours de l’ANSIE. Ainsi, les réalisations en termes d’infrastructures, de services et de services spécifiques et enfin de cyber sécurité ont été présenté par le menu détail.
Puis, le projet d’appui à la modernisation de l’administration publique a été présenté dans ses objectifs, sa durée et ses composantes. Il en ressort que le PAMAP est destiné à créer un environnement propice au développement de l’administration numérique et améliorer l’accès, l’efficacité et la qualité des services publics. Durant ses 4 années de vie, le PAMAP sera mis en œuvre dans ses composantes de base à savoir le renforcement des fondations de l’administration numérique (e-Gouvernement) et appui institutionnel ainsi que la modernisation de l’administration douanière et fiscale. Les activités phares et enfin le cadre légal ont été étudiés.
La présentation a donné lieu à des échanges soutenus parmi les participants qui ont partagé leurs fonds de pensées et les propositions qu’ils ont jugé pertinentes dans le cadre de cette réflexion.